Après mes recherches en 2019, je poursuis mes réflexions sur l’utilisation de ses économies pour limiter sa contribution à des activités délétères. Conclusion: beaucoup de vent actuellement.
Interview: L’illusion de la finance verte
Je recommande d’abord l’article-interview L’illusion de la finance verte chez Bon Pote, où s’exprime un ex-financier auteur (avec Alain Grandjean) d’un livre sur le sujet. Voila quelques points qui éclairent ma réflexion (pas tous de l’auteur):
- Un produit financier n’est pas vert si le financement aurait pu se faire sur le marché non-vert. Si il a les mêmes conditions (taux d’intérêts…), alors cela veut dire que la labellisation de ce produit financier n’apporte rien à la transition écologique. La banque se fait de l’écoblanchiment sans rien apporter. Ce n’est pas la banque qui fait les investissements plus durables, mais les demandes en investissements par des entreprises qui créent des labellisations.
Au mieux cela permet à l’investisseur de se dire que son argent est investi dans une entreprise mieux-disante. - Par nature, un investissement durable doit être moins performant financièrement, et ce n’est pas ce qui est vendu pour les fonds labellisés (ISR, Investissement Socialement Responsable), donc cela n’accélère pas la transition. Si on s’impose des contraintes (environnementales, sociales…), alors on a accès à un sous-ensemble des entreprises, on a donc moins d’opportunités que les fonds sans contraintes, donc un rendement moindre.
Or, les offres ne proposent pas des rendements inférieurs (certains se targuent d’essayer de « battre le marché »), donc cela veut dire que ces fonds labellisés jouent quasiment avec les mêmes cartes (du Total, du BNP-Paribas…). - Les fonds labellisés étant minoritaires, les entreprises excluent trouvent facilement preneurs sur le marché classique. C’est donc une mauvaise piste pour un changement systémique. Autres pistes: taxe carbone (aux frontières et dans le marché intérieur), bonus-malus faisant payer les entreprises émettrices au profit de celles plus vertueuses pour contrebalancer leur risque/profitabilité moins bons.
Documentaire: La finance lave plus vert
Un documentaire Arte (51 min). Points soulevés:
- Des entreprises sont labellisées «durables » au passif lourd: Umicore est une entreprise belge reconvertie dans des domaines de transition écologique (photovoltaïque, semi-conducteurs, LED) et a été sélectionnée dans un fond vert pour ça. Mais auparavant c’était une entreprise minière (charbon, uranium) qui a laissé des friches polluant les alentours (métaux lourds, radioactivité) et provoquant des cancers. Si la société devait vraiment décontaminer les sites, elle ferait défaut. Bertrand Picard qui promeut ce fond argue que c’est à la collectivité d’assumer ces coûts induits par la politique passée (bref, privatisation des profits).
- Des fonds dits vertueux comprennent des entreprises qui ne le sont pas du tout comme Total. Dans des fonds « vertueux » du Crédit Coopératif/Ecofi, j’ai vu du Dassault (oui, ce sont les fabricants d’armes controversées qui sont exclues), du BNP-Paribas (gros financeur du fossile).
Un fond finance le groupe Majid Al Futtaim qui fait entre autres des centres commerciaux et… des pistes de skis d’intérieur dans des pays chauds arides. L’investissement a été fait sur la base de l’amélioration de l’efficacité énergétique, mais le groupe va ouvrir deux nouveaux centre de ski. - Le fond de retraite suisse place l’argent des futurs retraités avec la rentabilité comme objectif, sans critère de durabilité. C’est hors de portée des convictions individuelles (sauf si la population suisse votait pour un changement de politique).
- La Deutsche Bank est accusée aux États-Unis d’avoir vendu des placements durables (plus rentables pour elle) sans de vraies preuves qu’ils le soient (affaire en cours, la DB dément).