Archives de catégorie : Droit

Allianz, l’assurance hors la loi (fin)

Un homme de 50-60 ans en costume sombre et au crâne dégarni dans un couloir de tribunal sombre entouré de deux policiers états-uniens. Un logo Allianz en bas à droite
Allégorie: défaite d’une compagnie sans morale devant la justice.

Ma lutte judiciaire (gagnée) contre Allianz vient de prendre fin: l’huissier vient de m’envoyer les derniers règlements dus par Allianz, les rois du silence. Je relate dans cette page comment Allianz ne réagit ni aux lettres recommandées, ni aux convocations au tribunal, ni au jugement communiqué par huissier.

Vous ne voulez pas encourager le pot de fer contre nous simples individus pots de terre? Ne vous assurez pas chez Allianz.

Application tardive du recours direct (L124-3): Allianz condamnée

L’assurance adverse Allianz a attendu 4 mois et le début d’une procédure judiciaire pour vouloir m’indemniser des dommages faits à mon vélo, que je ne pouvais réparer sans leur aval. Le tribunal l’a condamnée. Je recommande fortement d’éviter cette société d’assurance.

Voila ce que je retiens de ces deux litiges.

Un montage d'un marais inspiré des Marais Morts du Seigneur des anneaux au bout duquel se trouve une court de justice ressemblant à la Court suprême des États-Unis d'Amérique
« On n’obtient pas si facilement la Justice. Ses Portes Noires ne sont pas gardées que par des Orques. En ces lieux il y a un mal qui ne dort jamais. » Boromir, fils de Denethor
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Accident de vélo-voiture sans blessure et délit de fuite

Dans une rue, devant un bâtiment qui pourrait être un tribunal, un homme en costume de juge anglais tenant des documents pliés. Il a des cheveux blanc un peu bouclés ou bien c'est une perruque. Il porte des lunettes et regarde devant lui d'un air confiant. Flou au second plan se trouve un vélo.
La loi est dure, mais c’est la loi (de la jungle).

Récemment un automobiliste m’est rentré dedans par derrière alors que j’avais ralenti pour céder la priorité à droite à une autre voiture. Je n’ai pas été blessé, mais il a roulé sur ma roue arrière, m’a accusé d’être en tord, a refusé de faire un constat et est parti. Voici les conseils que je peux vous donner dans un tel cas:

  • Si vous êtes absolument sûr que vous n’êtes pas blessé, alors la résolution est sensée se faire à l’amiable. Si il y a le moindre doute de blessure, je dirais qu’il faut appeler les pompiers ou la police. De ce que j’ai compris, la loi Badinter ne s’applique que si il y a blessures.
  • Restez courtois, constructif et factuel (mais ferme). Si vous êtes agressif, le fautif pourra argumenter sur la forme de vos paroles pour faire diversion.
  • Rassemblez des preuves. Si les véhicules sont encore dans la position de l’accident et que la sécurité le permet, prenez des photos.
  • Si il y a des témoins, prenez leurs coordonnées. Ça ne coûte pas grand chose, et si l’automobiliste est par la suite de mauvaise foi, ce sera très utile.
  • En cas de refus de constat (il est légal de refuser de faire un constat amiable, mais la réparation du préjudice est obligatoire):
    • Prendre immédiatement la photo du véhicule, de la plaque et de l’automobiliste.
    • Je pense qu’il est primordial d’aller noter les coordonnées de l’assurance visible à l’avant de la voiture (car c’est l’assurance qu’il faudra contacter)
    • Demander les noms et coordonnées du conducteur.
  • Si l’automobiliste part sans donner ses coordonnées, il faudra le retrouver. Si votre vélo est assuré (ce n’est pas le cas de mon assurance habitation), votre assurance devrait faire les démarches de recherche à partir de la plaque d’immatriculation ou de l’assurance, puis celles auprès de l’assurance de automobiliste.
  • Par contre, si vous n’êtes pas assuré, ce sera à vous de faire les démarches de recherche, puis des démarches de déclaration et d’indemnisation auprès de l’assurance adverse. Comme seules les assurances, les administrations et la police ont accès aux fichiers des assurances, la recherche passera par une plainte. La police pourrait vous refuser le dépôt de plainte avec l’argument que sans blessure il s’agit de procédure civile et non pénale, et également que vue que l’auteur s’est arrêté il n’y a pas délit de fuite (article 434-10 du code pénal), et donc qu’il faut porter plainte par courrier auprès du procureur. Selon cet article (voir en bas), une cour de cassation a condamné (arrêt du 18 octobre 2017) une automobiliste qui s’était arrêtée, avait vu les dégâts et était repartie (sa plaque avait été notée par un témoin), donc vous êtes en droit de porter plainte au pénal. C’est aussi l’analyse de la Mamut (« S’il refuse de vous communiquer ces informations indispensables, et même s’il a immobilisé son véhicule, l’automobiliste commet un délit de fuite. »). Selon l’article R231-1 du code de la route, « Tout conducteur ou tout usager de la route impliqué dans un accident de la circulation doit: Lorsque l’accident n’a provoqué que des dégâts matériels, communiquer son identité et son adresse à toute personne impliquée dans l’accident ».
    Si la police refuse de prendre votre plainte (j’ai essuyé 2 refus au commissariat), vous pouvez arguer de la condamnation ci-dessus, et également que selon l’article 15-3 du code de procédure pénale « Les officiers et agents de police judiciaire sont tenus de recevoir les plaintes déposées par les victimes d’infractions à la loi pénale ».
  • Si on ne veut toujours pas prendre votre plainte, vous pouvez faire une pré-plainte en ligne.
    • Avantages: vous pourrez formuler calmement les faits, et la police sera dans l’obligation de vous recevoir. Quand vous serez reçu, vous aurez peut-être moins d’attente et l’écriture du texte de la plainte sera plus rapide.
    • Inconvénients: il faut bien scruter ses e-mails (j’ai reçu une réponse le lendemain, mais classée dans les spams par Free, et je ne l’ai vu que 2 semaines plus tard), si l’e-mail de réponse vous demande de rappeler cela peut être la galère à avoir le service (après 1h30 de tentative un lundi, on m’a dit de rappeler le mercredi, et là encore j’ai dû faire de nombreuses tentatives). Le bureau n’a l’air d’être ouvert que pendant les heures de travail, donc j’ai accepté le premier créneau libre (le lundi matin suivant) et ai pris une demi-journée de congé. Je me demande comment font ceux dont le travail ne permet pas de passer des plombes au téléphone et de s’absenter du boulot.

Épilogue temporaire: Je suis sans vélo, je ne peux le réparer car c’est à l’assurance de l’automobiliste de le prendre en charge, mais selon le policier qui a pris ma plainte je dois m’attendre à plus de 6 mois pour l’enquête.

aukeydirect.com / Elysun SARL condamné livraison de mauvais produit après retard

J’ai eu le malheur de commander un chargeur USB sur aukeydirect.com (« en stock »), et après plusieurs semaines de délais/relances, le vendeur m’en a envoyé un dans le mauvais coloris, puis a fait le mort quand j’ai demandé l’application de la Garantie légale de conformité (retour aux frais du vendeur). Quand j’ai fait appel à un conciliateur de justice, il a nié que le produit était incorrect. Après procès, le tribunal d’instance l’a condamné à des dommages et intérêts. La procédure complète aura duré 8 mois!

Chronologie

DateFait
J-0Commande sur le site
J+3/4Réception de l'autre produit de ma commande (câbles USB)
J+10Mail au commerçant car les délais décrits dans des Conditions générales de ventes sont dépassés pour le chargeur USB (en passant, le site indiquait «livraison en 72h», mais les CGV ajoutait un délai de traitement de 5-6 jours).
Excuse, promesse de réception avant la fin de la semaine suivante.
J+18 / J+23Toujours rien, mail demandant un statut.
Réponse: livraison « dans les prochains jours», retard dû à un long dédouanement (pour un produit sensé être «en stock!»), refus d'annuler la vente du chargeur
J + 25Réception d'un chargeur dans un autre coloris.
Demande par e-mail d'application de la Garantie légale de conformité.
J + 32Face au silence, relance par e-mail
vers J+34Relance par message sur le site web.
J+41Relance par lettre A/R
J+43Réception de la lettre
J+55Demande de conciliation sur le site web des Conciliateurs de justice (obligatoire avant toute action judiciaire pour un petit montant).
J+70Rencontre seul du conciliateur (il n'a pas reçu toutes les pièces du dossier) à ma mairie annexe
J+77Suite à l'échec de la discussion entre le conciliateur et le vendeur (qui argue que j'ai bien reçu le produit, le suivi du colis faisant foi), réception d'un «constat de non-conciliation»
Vers J+87Plainte (par courrier) au Tribunal d'instance de ma ville.
+ 5 moisProcès au tribunal. Le vendeur n'est pas présent (se trouve dans le même département).
+ 8 moisRéception du verdict. Après que j'ai contacté le vendeur, il m'enverra un chèque pour payer sa condamnation et je renverrai le produit (j'ai fourni le colis et lui un bon de retour à coller dessus).

Ce que j’en retiens

  • C’est incroyable le nombre d’opportunités qu’a laissé le vendeur de conclure l’affaire sereinement.
    • Il aurait pu indiquer sur son site un statut correct pour la disponibilité des produits (bon, tout le monde peut faire une erreur).
    • Quand je l’ai relancé, il aurait pu me dire le véritable statut (produit pas en stock, date de disponibilité inconnue).
    • Quand je l’ai relancé pour la 2ième fois, il aurait pu accepter ma proposition d’annuler la vente.
    • Il aurait pu me demander avant d’envoyer un produit avec le mauvais coloris.
    • Il aurait pu appliquer la Garantie légale de conformité qu’il se doit d’honorer.
    • Il aurait pu dire au Conciliateur de Justice la vérité (il n’a pas envoyé le bon produit) et accepter l’application de la garantie.
  • Cela me laisse l’impression qu’il devait avoir un sentiment d’impunité, car qui irait s’embêter pour un tel montant! Ces démarches demandent beaucoup de temps, surtout lorsqu’on veut être net, respecter les procédures et avoir un dossier béton (alors que je ne suis pas juriste).
  • La Justice est très lente en France (2 mois pour passer au tribunal et 3 mois pour le verdict), à cause notamment d’un manque de moyens honteux (24/28 en Europe sur le nombre de juges par habitant!). Donc forcément, cela décourage les victimes d’agir et avantage les personnes peu scrupuleuses.
  • Si les consommateurs n’agissent pas, cela donne aux vendeurs peu vertueux un avantage compétitif face à ceux qui respectent leur contrat.
  • J’ai voulu éviter le géant de la vente qui paie/payait ses impôts au Luxembourg pour ses activités en France, mais d’un côté mal m’en a pris. J’ai ensuite acheté sur Rakuten et… le vendeur ne m’a pas livré. Heureusement Rakuten m’a remboursé. Il faut avoir la foi pour faire appel aux indépendants 🙁

Que faire en cas de livraison de produit incorrect?

Avis de non-responsabilité: je ne suis pas juriste et ce qui suit est le fruit de mes recherches personnelles. Une association de consommateur saura vous aider plus précisément. Ce qui je décris ci-dessous est pour un montant limité (moins de 4000€) et sans avocat.

Même si l’affaire est énervante, il faut rester cordial, mais ferme et lucide. Tout le monde peut faire une erreur et échauffer les esprits risque d’être improductif et vous desservir.

1) Contacter le vendeur

Évidemment la première chose est de contacter le vendeur qui a peut-être une procédure établie pour obtenir un échange ou un remboursement. Si le vendeur peut offrir une « garantie commerciale » (avec des termes particuliers), la Garantie légale de conformité exige que le vendeur procède soit au remplacement du produit soit à son remboursement, le tout sans frais pour le client, donc assurez vous que ce sera bien le cas. Vous ne devez surtout pas faire valoir le droit de rétractation qui implique un retour à vos frais.

Selon le Centre Européen des Consommateurs, « Bien que la directive [de la Garantie légale de conformité] ne le mentionne pas, les frais d’expertise devraient également rester à la charge du vendeur, tout comme les frais administratifs (frais de livraison, frais bancaires, communication…). ». Donc si un remboursement a lieu, le vendeur doit rembourser les frais de livraison de l’achat.

2) En cas de refus: lettre A/R

Si le vendeur refuse, vous devrez lui notifier votre demande par lettre recommandée avec accusée de réception, en lui mentionnant que vous voulez que s’applique la Garantie légale de conformité qui demande soit le remplacement soit le remboursement sous un délai raisonnable (disons 10 jours ouvrés).

3) Refus confirmé: appel au Conciliateur de justice

Si vous avez décidé de faire valoir vos droits, vous vous amenez vers une procédure judiciaire (décrite ici). Mais avant de vous tourner vers le Tribunal d’instance, vous devez faire appel à un Conciliateur de justice (gratuit). Vous pouvez remplir un dossier sur Internet, et vous pourrez ensuite aller voir le conciliateur dans une permanence près de chez vous (si le vendeur est géographiquement éloigné, il se peut que le Conciliateur communique avec lui par téléphone et/ou e-mail).

Si la conciliation n’est fructueuse (je vous ne le souhaite pas), alors on vous remettra un certificat de non-conciliation pour la phase suivante.

(En passant, merci à tous les conciliateur·rice·s de justice pour leur action bénévole!)

4) Saisine du Tribunal d’instance, demande de procès

Vous devrez remplir un dossier (description sur service-public.fr) qui comprend:

  • Un formulaire (Cerfa n°11764*08)
  • Le certificat de non-conciliation
  • Un extrait Kbis si le vendeur est une personne morale. C’est payant dans tous les cas et pour éviter d’avoir à vous déplacer vous pouvez le faire sur le site Infogreffe (3.7€).
  • Tous les documents exposant le problème. Dans mon cas, j’ai inclus une chronologie des faits, les échanges d’e-mail, la facture, une copie de la lettre A/R et son accusé de réception.

Dans le formulaire, vous devrez préciser le montant que vous demandez pour le principal (sommes à rembourser) et les dommages et intérêts. Pour ces derniers, si il est facile de lister les frais engagés (lettre A/R, extrait Kbis…) il est plus compliqué de donner un montant pour le préjudice subit (perte de temps, non-jouissance du produit). Bonne chance 🙁

Vous pouvez remettre vous-même votre dossier au greffe du Tribunal d’instance le plus proche de chez vous, ou bien l’envoyer par la poste. Vous recevrez une convocation au tribunal pour le procès. Pour moi, mon passage devant le juge a duré moins de 5 minutes, mais j’ai dû me rendre disponible et attendre que ce soit le tour de mon affaire.