Pour cause d’usure, j’ai dû changer mes chaussures de jogging et cela m’a amené à la pénible recherche d’une paire fabriquée dans des conditions décentes.
Une offre éthique famélique
La très grande majorité des chaussures de sport est fabriquée par des travailleurs opprimés, et si elles sont fabriquées en Chine il y a des chances qu’elles soient issues du travail forcé des Ouïghours dans des camps. La communication des entreprises du secteur (Nike, Adidas…) après chaque révélation ne sont qu’un écran de fumée visant à limiter les dégâts et laisser passer l’orage. Je pars donc du principe que tout équipement sportif produit sans que des acteurs indépendants (ONG, presse) aient pu vérifier les conditions sociales de fabrication est issu d’une exploitation extrême des travailleurs.
Actuellement, je vois deux critères me permettant de penser que l’exploitation des travailleurs est limitée:
- Un cahier des charges crédible: Si le fabriquant indique de manière détaillée les conditions de travail (niveau salaire, nombre d’heures…) de travailleurs, et que la vérification de ses conditions soit crédible.
- La fabrication dans un pays avec un droit du travail décent: Si la fabrication est faite en Europe de l’Ouest, il y a plus de chance que le droit du travail soit respecté. En Europe de l’Est, la situation est sûrement meilleure qu’en Asie du Sud-Est, mais les revenus restent encore extrêmement bas: un article comme celui-ci parle du salaire minimum de 260€/mois.
L’offre Veja
Veja est une société française fabriquant des chaussures au Brésil. Dans mes recherches, c’est la seule marque que j’ai trouvé qui propose des chaussures de sport et qui a des allégations éthiques.
Ils déclarent (merci pour la transparence) qu’en 2023, le salaire moyen mensuel sur leur ligne de production est de 1,648.75 R$ (réals brésiliens), soit environ 19,785R$ (3,526€) annuels (brut? net?). Selon cet article, Michelin a en 2024 instauré une politique de salaire décent minimal (qui varie selon les pays et régions) et qui est au Brésil de 37,347R$, pour un salaire minimum de 16,944R$. Cela m’inspire plusieurs réflexions:
- Le salaire brésilien de Veja est nettement en dessous de ce que Michelin considère comme un salaire décent. Mais il n’est pas précisé si ces deux entreprises travaillent dans des régions avec des coûts de la vie comparables.
- Cela semble donc bien mieux qu’en Asie du Sud-Est (il faut aussi compter d’autres aspects importants comme le nombre d’heures de travail, la retraite…), mais sûrement bien moins qu’en Europe de d’Ouest (ex: Portugal).
Le modèle de chaussures Veja Marlin
Bizarrement, je n’avais trouvé sur l’Internet qu’une seule revue de ce modèle (une vidéo en anglais). Voilà mon retour.
Achat en ligne: J’ai donc acheté il y a 10 mois une paire de Veja Marlin en soldes pour 108€ (pris habituel: 180€!). Les magasins proches vendant des Veja n’étant pas des magasins de sport (donc n’ayant peut-être pas les modèles de sport), j’ai pris le risque de les acheter en ligne.
Taille: J’ai pris ma taille habituelle de chaussures de sport, ce qui a été parfait pour moi. Si j’avais suivi le guide de taille du site (en mesurant la longueur du pied, en cherchant la taille correspondante dans leur tableau, puis en prenant la taille supérieure), alors j’aurais pris 3 tailles au-dessous!
Confort: Au début, j’ai trouvé la languette désagréable. Elle n’a pas vraiment de rembourrage (contrairement à mes chaussures précédentes), mais cela a fini par ne plus me déranger. J’ai également ressenti une douleur (j’ai oublié exactement où) dans les premiers temps, qui a fini par disparaître relativement rapidement. Peut-être que ces chaussures manquent un peu de rebond, mais après presque un an de jogging régulier j’en suis à peu près autant satisfait que mes chaussures précédentes.
Durabilité: J’ai parcouru environ 30km par semaine sur du béton. J’ai constaté que les semelles sont devenues lisses sur l’avant. J’espère qu’elles tiendront assez longtemps. Le reste des chaussures est resté en bon état jusque-là.
Esthétique: Elles sont un peu moins attrayantes que sur les photos du site (pas grave, c’est pour moi un critère assez mineur). Elles ne resteront pas immaculées très longtemps. La bordure de semelle et le logo se sont salis de manière permanente. Par contre, je n’aime pas avoir un logo ostentatoire sur mes vêtements et chaussures, cela me donne l’impression d’être un homme-sandwich (d’autant plus que porter cette marque peut donner l’impression d’être une personne voulant se donner bonne conscience, alors que je crois avoir pesé les limites d’un tel achat).