Troubles au club de tennis
Il y a une dizaine d’année, j’étais membre d’un club de tennis et un épisode m’a donné un exemple concret de gestion trouble, que j’imagine typique du Sud-Est.
La direction du club (une association loi 1901) avait un contentieux avec le prof principal du club (qui gérait les différents cours, les autres profs étant ses subalternes). L’affaire avait été portée au tribunal (de nombreux joueurs étaient venus pour le soutenir). Les casiers des professeurs ont été vidés par un huissier.
Une plainte avait été portée par le prof pour séquestration contre la personne chargée de l’accueil, cette personne ayant enfermé sur les courts professeurs et enfants pendant quelques minutes.
Plus tard, cette même personne avait coupé les éclairages, empêchant les adhérents de jouer en soirée.
La direction du club organisera ensuite une réunion d’information.
- Elle se fait en la présence d’un huissier (au frais du club, donc des adhérents). Justification: un ancien membre du club les aurait menacés par le passé, et donc l’huissier notera toutes les prises de paroles.
- Un des dirigeants clame la paternité de la coupure de l’éclairage, arguant que le prof profiterait gratuitement de l’éclairage (bien plus puissant et coûteux qu’un éclairage d’intérieur il faut le dire). Hem hem.
- Interrogé sur les assemblées générales du club (dont les dirigeants sont sensés être composés de membres fondateurs présents à vie et d’autres membres élus), le dirigeant indique avoir fait paraître une notice d’information dans un journal local (dont il tait le nom, alors qu’il y a un seul gros journal local). Étant adhérent depuis des années, je n’ai jamais vu d’affichage à ce sujet dans le club, et personne n’a entendu parlé de comptes rendus. Je suppose que la gestion du club s’est toujours faite entre les « membres fondateurs » et le chef des profs.
- D’ailleurs, le président d’honneur (inactif) était un ancien grand ponte politique. Et les membres fondateurs comptent deux de ses enfants.
Quelques semaines plus tard, le club sera fermé soit disant par manque de personnel (l’employé mentionné ci-dessus étant en fait fonctionnaire municipal détaché au club, sûrement rapatrié au sein de la municipalité). On se retrouve tous sans club jusqu’à ce que les dirigeants ou la justice le décident.
Il se disait (sans possibilité de le vérifier) qu’un des dirigeants (enfant du grand ponte) était également fonctionnaire municipal de haut grade et grassement payé par le club (de manière disproportionnée aux moyens du club), et dont la présence était réputée très faible par les adhérents. Cela sentait l’emploi fictif.
J’avais écrit à la mairie (qui possède les terrains et déléguait donc deux fonctionnaires) qui avait botté en touche.
Plus tard, le club a ré-ouvert, un administrateur judiciaire a été désigné par la justice et une nouvelle équipe dirigeante a été nommée (seule liste candidate) comprenant le chef des profs (miam le conflit d’intérêt), son frère (népotisme) et un des enfants du grand ponte.
L’administrateur judiciaire nous avait conté des détails croustillants:
- Il s’était rendu à la banque où se trouvaient les comptes du club (pas une banque habituelle du grand public), et celle-ci avait refusé de les lui transmettre, alors qu’il en a l’autorité donnée par la Justice. Des choses à cacher?
- La buvette (et peut-être le resto) du club était déficitaire. Le genre d’affaire qui ne peut QUE faire des profits: on achète des boissons non périssables et des balles chez des grossistes et on les revend avec une marge, et c’est servi par l’employé qui gère aussi l’accueil. Où est parti l’argent?
Avant cette ère, la justice avait découvert que des associations de la région avaient été utilisées par les politiques locaux à leur propre bénéfice (et à mon avis seule une petite minorité avait été démasquées). À mon avis, mon club en était une de ses manifestations.
Le client de supermarché pas net
J’ai aussi assisté à une scène stupéfiante dans un supermarché. Le client devant moi et la caissière semblent être des connaissances et ont une discussion singulière. Elle lui demande si il saurait où un ami à elle peut exposer ses photos. Il lui répond qu’il ne faut pas compter sur les galeristes privés, et que si il veut exposer dans un structure municipale il connaît quelqu’un mais qu’il faudra (je vous épargne la périphrase) qu’il donne un pot de vin!
Vient le moment de payer. Cette homme n’a pas assez de monnaie (et apparemment pas de carte de paiement). Et là je perçois un gros malaise du côté de la la caissière qui recompte en boucle la monnaie qu’il lui a donné et cherche quoi faire. Je crois que cet homme a dû partir sans tout payer (aux frais du magasin, donc des employés, du proprio et des clients comme moi).
Interprétation imaginative: cette homme a une position qui mettait cette dame dans une situation de pression, soumission ou dépendance (par exemple il pourrait travailler dans l’attribution des HLM ou des places en crèche). Aujourd’hui, plutôt que de me taire, j’aurais mis les pieds dans le plat naïvement et dit à cet homme qu’il allait devoir abandonner certains de ses achats, que je craignais que c’est un problème que la caissière ne pouvait régler. Il n’avait pas mon identité et pas de moyen de pression sur moi.