J’apprécie beaucoup la disposition du clavier Typematrix 2030. Comparé à lui, les dispositions traditionnelles aux touches décalées semblent une aberration. Mais c’est un modèle en fin de vie (apparemment plus produit, et plus dispo en français). Et j’aurais aimé qu’ils durent plus longtemps (il m’en reste un de fonctionnel, pour 5 achetés en 13 ans, plus un offert généreusement peu après la fin de la garantie).
Je me suis donc tourné vers un clavier mécanique compact pour joueur: le Ducky ProjectD Tinker 75.
L’offre
Les claviers à disposition ortho-linéaires (touches alignées sur les colonnes), comme le Typematrix, ne sont pas légion. Et si le Typematrix n’était pas donné (le 87€ à 130€ selon les années), les autres modèles sont soit cher (à partir de 91€ plus la TVA et douane chez X-Bows) voire exorbitants (plus de 300€ chez ErgoDox) le tout en anglais, soit des mini-claviers sans touches F1-F12.
Une option à explorer: l’ID75, compter 130€ pour le kit auquel il faut rajouter les commutateurs/switches (pour des Cherry, compter 50-70€) et les capuchons (plusieurs dizaines d’euros).
Je me suis donc rabattu sur les claviers à disposition classique. Ceux de type mécanique (sûrement bien plus durables) sont quasiment tous des modèles pour joueurs. Les marques spécialisées dans les claviers (contrairement à celles venues de la bureautique) proposent souvent des formats de capuchons de touches et des commutateurs standards (compatibles Cherry).
Le cahier des charges
Le mien était le suivant:
- TKL (tenkeyless): sans pavé numérique (comme le Typematrix) pour moins excentrer la souris.
- Touches noires: pour pouvoir coller des étiquettes « bépo » sans que cela soit trop laid. Il n’y a aucune offre de clavier avec disposition bépo. Il y a eu parfois des achats groupés pour une série faite sur demande, mais c’est l’exception. Même si je peux généralement taper à l’aveugle, j’ai toujours du mal avec l’emplacement de certains caractères spéciaux ou bien si je ne suis pas assis devant mon clavier.
- Des touches opaques: nombre ont des caractères non-pas imprimées mais transparents (avec un rétro-éclairage)
- Pas fabriqué en Chine si possible (notamment pour que éviter les produits potentiellement fabriqués par des esclaves ouïghours).
- Des commutateurs les plus silencieux possibles. Les claviers mécaniques sont bruyants, et je ne veux pas irriter mes collègues.
L’heure du choix: Ducky Tinker 75
La marque taïwanaise Ducky propose des claviers fabriqués dans ce pays (j’ai lu par la suite qu’elle en fabrique aussi en Chine; donc attention si c’est un critère pour vous; le pays de fabrication du modèle peut être indiqué sur leur site). Leur gamme est variée, mais ce modèle (140€ chez LDLC, distributeur en France) était le seul avec des touches noires et opaques.
La disposition des touches:
- Avec le Typematrix, la disposition des touches Supprimer, Suppression-arrière et Entrée au centre et sur les doigts forts était vraiment très pratique. Retourner à une disposition classique est donc désagréable. La touche Supprimer est vraiment décentrée, obligeant à enlever la main de sa position de base. Je l’ai également assignée à la combinaison Verr Maj + Espace (voir la section « Programmation »).
- Les touches Début, Fin, Page précédente/suivante sont également peu pratiques à atteindre. Le Typematrix les avait mis les deux premières au dessus des touches gauche et droite, et c’était hyper-pratique.
- Les premiers jours, j’ai eu des douleurs à la main gauche. Cela est passé, la sensation de torsion des débuts s’est bien atténuée jusqu’à disparaître.
Des commutateurs Speed Silver beaucoup trop sensibles: LDLC propose deux types de commutateurs (de marque Cherry): les Speed Silver, destinés à des jeux demandant une grande rapidité, et les Blue qui sont plus adaptés au texte mais très bruyants. Il y a également une version nue à 100€ sans commutateurs ni capuchons (rajouter 70€ au minimum). J’ai choisi les Speed Silver, mais il s’avère que les deux sont des choix très médiocres pour moi. À cause de leur sensibilité extrême, les Speed Silver s’activent même quand on effleure la touche ce qui me cause de nombreuses fautes de frappe sur les touches adjacentes. Cela s’améliore avec le temps, mais j’ai finalement acheté des commutateurs Silent Red (pour… 80€; parfaits pour moi). Si c’était à refaire, j’aurais attendu qu’un modèle directement avec Silent Red (voire Red) soit dispo ou alors pris le clavier nu et acheté les switches Silent Red et des capuchons séparément..
Repose poignet indispensable: Les claviers mécaniques aux touches à profil « classique » (non-bas-profil) sont épais. Les touches de ce Ducky sont hautes de 3 à 4cm. Sans repose-poignet, le bras et la main formeront un angle qui causera sûrement des douleurs (c’est le cas pour moi). Un repose-poignet d’au moins 1.5cm est nécessaire. J’ai pris un de cette épaisseur (marque Keychron pour modèle Q9 et V1) que je place à 3cm du clavier; si je le colle à celui-ci, alors mes poignets reposent sur la part plus fine et l’angle qu’ils forment sont désagréables.
Le rétro-éclairage: Je n’en voulais pas (inutile, possible source de panne), mais finalement c’est assez plaisant d’avoir une variation de couleurs lente (et désactivable). Apparemment la surconsommation d’électricité est négligeable.
La programmation des touches: On peut facilement personnaliser le comportement des touches en utilisant un navigateur basé sur Chrome (Edge, Chromium…) quand le clavier en compatible QMK (un firmware opensource) / VIA (le programme de configuration):
- Réassigner les touches: j’ai par exemple changé l’ordre des touches « Origine / Page précédente / Page suivante / Fin » en « Origine / Fin / Page précédente / Page suivante ».
- Organiser les touches avec un système de « couches ». La couche de base contient par défaut les touches classiques. Mais en appuyant sur des touches Fonction (aux emplacement eux-même configurables!), cela donne accès à d’autres actions définis sur une autre couche. Par exemple:
- La touche FN1 active ma couche 3 pour la prochaine frappe.
- Ainsi, je peux monter et descendre le son avec FN1 + Page Précédente et FN1 + Page Suivante (sur la couche contient mes actions personnalisées pour Page Précédente/Suivante), ces touches étant définies sur ma couche 3.
- En appuyant sur FN1 + Échappement, j’active de manière permanente la couche 2. Celle-ci se comporte comme la couche de base, sauf qu’elle a 3 personnalisations: elle inverse les touches Windows et Alt Gauche, ce qui est le comportement attendu pour Mac, et rappuyer sur FN1 + Échappement repasse à la couche 1. Pratique quand on utilise le même clavier sous Linux, Windows et Mac!
- De nombreuses actions de touches sont disponibles: outre celles de base comme les lettres, le volume sonore, il y a toute une série de touches plus exotiques: arrêt de l’ordi, déplacement de la souris, touches F13 à F24…
- Il y a aussi des macros (un appui de touche simulant plusieurs appuis de touches successives).
Bilan après 1.5 mois
- Frappe: je préfère la disposition du Typematrix, mais je trouve la frappe sur un clavier mécanique également agréable même si différente. Je trouve les Silent Red très agréables:
- Vraiment très silencieuses, je n’entends quasiment pas la différence avec mon Typematrix à ciseaux/membrane.
- Pas de faute de frappe sur les touches adjacentes.
- Une sensation moelleuse très agréable.
- C’est toujours un problème de ne pas avoir l’emplacement des touches bépo imprimé (pour les caractères spéciaux, et si je ne suis pas assis en position normale).
- Pouvoir programmer les touches indépendamment de l’OS est vraiment pratique.
- Le remplacement des commutateurs se fait très facilement. Il faut juste vérifier avant de poser chacun que les broches sont bien perpendiculaires et les redresser s’il le faut.